Prenez des risques!

S'il y a quelque chose que j'ai appris en horticulture, c'est que rien ne vaut nos propres expériences. On a beau lire des tonnes de livres, assister à des conférences, rencontrer des horticulteurs, on reçoit souvent des informations contradictoires. De plus, chaque jardin a son propre sol, son propre microclimat et ça influence beaucoup les résultats que l'on obtient.

Les étiquettes? Bah, c'est bien pour avoir une petite idée du meilleur emplacement pour la plante, mais ce n'est pas coulé dans le béton. Ce n'est pas parce qu'il y est inscrit qu'elle va mesurer 70 cm que ce sera nécessairement le cas; tout est à titre indicatif seulement.

Quand on jardine, on travaille avec du vivant et, le vivant, c'est imprévisible. Donc on suit les grandes lignes et on regarde comment ça évolue.

- Les semis: plusieurs semences de vivaces demandent des traitements au froid avant de germer; c'est ce qui est écrit sur le sachet, en tout cas. Mais ce n'est pas toujours vrai! Les ancolies, par exemple, germent facilement à température ambiante, même si on préconise de les laisser 3 mois au frigo. Alors faites le test: quand vous achetez des semences qui demandent un traitement, plantez quand même quelques graines dans un pot, à température normale. Si ça fonctionne, vous aurez gagné quelques semaines de croissance.

- L'exposition: vous êtes tombé en amour avec une superbe mauve musquée? Ouais, mais l'étiquette indique qu'il lui faut le plein soleil alors que votre plate-bande est semi-ombragée... Allez, plantez-la sans crainte, elle n'en souffrira pas. Elle fleurira peut-être un tout petit peu moins mais elle fleurira quand même. En fait, l'expérience m'a appris que beaucoup de plantes de plein soleil se comportent très bien à la mi-ombre. J'ai même des hémérocalles qui fleurissent abondamment à l'ombre! Alors faites des essais, vous pourriez être surpris.

Attention, cependant, soyez plus prudent avec les plantes d'ombre; si vous les plantez au gros soleil, il y a de fortes chances pour que le feuillage brûle...

- La zone de rusticité: on essaie habituellement de respecter les zones. Il est évident qu'une tropicale de zone 9 ne survivra pas à notre hiver québécois... Mais si vous êtes en zone 5 (région de Montréal, par exemple), vous pouvez tenter le coup avec une plante de zone 6, en autant qu'elle reçoive une bonne couverture neigeuse ou que vous lui fournissiez un abri (vous pouvez la couvrir d'une bonne couche de feuilles mortes à l'automne, par exemple).

- La division: on nous dit souvent que le meilleur moment pour diviser les vivaces, c'est au printemps ou à l'automne; c'est vrai. Mais il n'y a aucune loi qui nous interdit de le faire en été... Bon, d'accord, on ne se lance pas dans les divisions pendant une semaine de canicule ou en période de sécheresse, ça va de soi! Mais si le temps est un peu frais et nuageux et que votre grosse touffe d'aster vous tape sur les nerfs parce qu'elle empiète sur ses voisines et qu'elle se dégarnit au milieu, pourquoi pas?

Personnellement, je divise n'importe quand et ça ne me cause pas de problèmes. On procède rapidement, on arrose bien et la plante récupère habituellement assez facilement.

- Les plantes envahissantes: on vous a fortement déconseillé de planter du muguet? Suivez ce sage conseil! Cette plante (Convallaria majalis) est incontrôlable, elle va se répandre comme une traînée de poudre et vous ne pourrez plus vous en débarrasser! C'est aussi le cas du bugle rampant (Ajuga reptens), de la tanaisie ((Tanacetum vulgaris) et de la redoutable herbe-aux-goutteux (Aegopodium podagraria): vous allez en arracher (au sens propre comme au figuré!) pendant des années.

Cependant, certaines plantes considérées comme étant envahissantes se contrôlent assez bien si on ne les laisse pas sans surveillance. C'est le cas de celles qui se ressèment, comme la rudbeckie trilobée (Rudbeckia triloba); oui, on retrouve plein de "bébés" dans la plate-bande mais ils s'arrachent facilement, quand on fait le désherbage. Idem pour la julienne des dames (Hesperis matronalis) ou l'ancolie du Canada (Aquilegia canadensis). Même des plantes qui se propagent par leurs stolons ou par marcottage, comme la physostégie (Physostegia virginiana) ou le lysimaque nummulaire (Lysimachia nummularia), peuvent être contenus si on se donne la peine d'arracher les tiges qui débordent. Alors, oui, ça vaut parfois la peine de se risquer à cultiver certaines plantes envahissantes.

Bref, le jardin, c'est surtout un terrain d'expérimentation; on fait quelquefois face à des fiascos mais on a surtout de belles surprises.



Commentaires

Articles les plus consultés

10 vivaces à floraison prolongée

10 vivaces de longue vie

10 vivaces pour les débutants