L'asaret du Canada, un trésor de chez nous

Bien que j'adore les plantes très florifères et colorées, j'éprouve une affection particulière pour les petites espèces discrètes qui poussent dans nos boisés du Québec. Elles sont souvent méconnues, bien qu'elles possèdent un charme certain. Qu'on pense aux jolis petits trilles ou à la merveilleuse gaulthérie, ces végétaux agrémentent nos balades en forêt, qui ne seraient certainement pas aussi agréables sans eux. 

Je vous présente aujourd'hui une de ces  plantes indigènes, l'asaret du Canada (Asarum canadense).

(Photo : David J. Stang, Wikimedia Commons)

L'asaret pousse dans l'est de l'Amérique du Nord, principalement dans les érablières. C'est une plante très courte (pas plus de 15 cm de haut) car ses véritables tiges sont souterraines. On l'appelle aussi gingembre sauvage car il possède un goût très semblable à celui qu'on achète au supermarché. 

Ce qui fait la beauté de l'asaret, ce sont ses larges feuilles en forme de coeur (qui ont un diamètre de 10 cm et plus). Veinées et légèrement velues, elles poussent deux par deux au raz du sol, formant éventuellement de petites colonies. La floraison se produit au printemps mais vous devrez vous agenouiller pour la découvrir : en effet, l'unique fleur, petite, poilue et d'un rouge brunâtre, éclôt au bout d'un court pédoncule, bien cachée sous les feuilles. Elle ne fait guère plus de 2 cm de diamètre. Pour dire les choses comme elles sont, ce n'est pas vraiment une beauté! C'est pourquoi ce n'est pas si grave qu'elle soit peu visible, en fait... 

(Photo : Judy Gallagher, Wikimedia Commons)

Vous devinez bien que, puisqu'on la retrouve en forêt, cette vivace apprécie l'ombre et la mi-ombre. Elle se cultive très bien en couvre-sol sous les arbres. Si vous souhaitez vous la procurer, vous pourrez la trouver dans certains centres-jardin et pépinières spécialisés. Ne cueillez pas l'asaret en nature, de grâce! Il y a déjà eu trop de cueillette et il figure désormais sur la liste des espèces vulnérables. Si on ajoute à cela la destruction de son habitat, sa situation est encore plus préoccupante.

Une des raisons pour lesquelles on a beaucoup cueilli cette plante en nature, c'est parce que sa racine, comme je le mentionnais plus haut, a la saveur du gingembre et est comestible. On peut la confire avec du sucre, entre autres. Il est cependant recommandé de ne pas en consommer en grandes quantités car elle contient deux substances, l'asarone et l'acide aristolochique, qui sont potentiellement cancérigènes. 

(Photo : Doug McGrady, Wikimedia Commons)

L'huile essentielle d'asaret est, quant à elle, utilisée en parfumerie.

La plante possède des propriétés médicinales, principalement pour soigner les problèmes respiratoires, comme la coqueluche, mais aussi contre l'inflammation. Outre la racine, on peut utiliser les feuilles, en tisane. 

Pour ma part, c'est surtout pour ses attraits ornementaux et son effet tapissant que l'asaret me plaît! D'ailleurs, c'est une espèce qui manque à mon jardin... Peut-être pourrais-je en planter dans mon petit coin sous-bois? Je suis certaine que ce serait assez joli!