L'éblouissant sabot de la Vierge

Les orchidées sont parmi les plantes les plus fascinantes sur la planète. Provenant souvent de contrées lointaines, elles évoquent l'exotisme et leurs incroyables floraisons sont absolument sublimes. Elles font le bonheur de nombreux collectionneurs, les orchidophiles, qui sont souvent prêts à débourser des sommes étonnantes pour s'en procurer. 

Leur culture peut être totalement différente selon les espèces; certaines ont même des racines aériennes et n'ont pas du tout besoin de terreau pour vivre. En fait, les orchidées forment un monde à elles seules en horticulture.

Mais saviez-vous qu'on peut trouver quelques espèces d'orchidées indigènes, ici même, au Québec? La plus connue est le sabot de la Vierge, aussi appelée cypripède acaule (Cypripedium acaule).

(Photo : D. Gordon E. Robertson, Wikimedia Commons)

On trouve le sabot de la Vierge dans l'est de l'Amérique du Nord, où elle pousse en forêt et dans les tourbières. Mesurant de 30 à 45 cm de haut, elle s'étend lentement par ses rhizomes et finit par former une colonie, au fil des ans. Ah, il ne faut pas être pressé avec cette plante! De l'apparition des premières feuilles à la première floraison, il peut s'écouler 10 ans! 

Le feuillage du sabot de la Vierge se compose de deux seules feuilles, situées à la base du plant; de forme allongée, elles mesurent 15-20 cm. La fleur unique s'ouvre au bout d'une hampe florale; elle compte trois pétales dont celui du centre, que l'on nomme labelle, se replie en gonflant, ce qui lui donne cet aspect de sabot. Le labelle joue d'ailleurs un rôle important dans la reproduction de la plante. Cette fleur superbe, qui a un diamètre de 8-10 cm, est le plus souvent rose; cependant, on remarque parfois des spécimens blancs. Personnellement, je les trouve moins beaux mais ce n'est qu'une question de goût personnel! 

(Photo : D. Gordon E. Robertson, Wikimedia Commons)

(Photo : Mariejanelle, Wikimedia Commons)

La culture du sabot de la Vierge n'est pas particulièrement facile et demande beaucoup de patience. Déjà, on peut oublier les semis: pour germer, les graines ont besoin de la présence d'un champignon spécifique dans le sol. Il faut installer le plant dans un emplacement ombragé ou à la mi-ombre, dans un sol acide de préférence, humide ou sec, mais pas trop. Et gardez à l'esprit qu'il a horreur d'être déplacé. 

Si vous avez envie de relever le défi et d'introduire cette beauté dans votre jardin, de grâce, NE CUEILLEZ PAS de spécimens dans la nature!!! Déjà qu'on n'en voit pas très souvent... Leur reproduction est compliquée, en plus. Et, bien franchement, les chances de survie d'un plant ramassé en nature et transplanté chez vous sont très très minces alors vous l'aurez tué pour rien. Il est possible de trouver des plants chez certains producteurs spécialisés alors faites des recherches pour vous en procurer.

(Photo: Pixabay)

La racine du sabot de la Vierge aurait des propriétés médicinales, notamment sédatives et antispasmodiques. Chez certaines tribus autochtones, on l'utilisait également pour concocter un philtre d'amour. 

Le magnifique sabot de la Vierge est la fleur-emblème de la province de l'Ile-du-Prince-Édouard, située dans l'est du Canada. 

En résumé, la flore québécois nous réserve de bien jolies surprises avec cette orchidée à la beauté incontestée. Aussi, si sa culture représente un véritable défi, on peut au moins l'admirer, avec un peu de chance, en se baladant dans nos forêts; alors ouvrez grand les yeux lors de votre prochaine randonnée!