Précieuses plantes alimentaires, la suite

Nous avons vu la semaine dernière quelques belles espèces de végétaux qui ne sont pas des plantes potagères mais qui nous fournissent des épices ou des petites gâteries. Comme il en existe encore beaucoup, je vous invite à en découvrir quelques autres.

Le safran (Crocus sativus)

Qui ne connait pas les crocus, ces jolies fleurs qui égayent les jardins au début du printemps? Une seule espèce parmi eux nous offre l'épice la plus chère du monde, le safran. Issu d'un bulbe qu'on doit séparer et replanter chaque année, le crocus sativus provient à l'origine de la Crête; contrairement à ses cousins printaniers, il fleurit à l'automne, après avoir passé l'été au repos (estivation). La fleur, violette, se reconnaît par ses trois grands stigmates d'un rouge orangé: ce sont ces stigmates qui, une fois délicatement cueillis à la main puis séchés, constituent l'épice.

Le crocus sativus mesure une trentaine de centimètres de haut; on le plante impérativement au plein soleil, sans arroser sauf en cas de grande sécheresse. Le sol doit être très bien drainé afin que le bulbe ne pourrisse pas. Il résiste assez bien au froid et peut être cultivé dans le sud du Québec. 

Le safran n'est pas qu'une épice délicieuse : il possède également des vertus médicinales. Ainsi, on lui connaît des propriétés antispasmodique, relaxante et anti-oxydante, entre autres. Il contient aussi des vitamines et des minéraux, tels que le fer et le magnésium ainsi que la vitamine C. 

(Photo: Yuriy75, Wikimedia Commons)

(Photo: Pixabay)

Le câprier (Capparis spinosa)

Cet arbuste qu'on trouve tout autour de la Méditerranée nous fournit deux produits alimentaires fort appréciés : les câpres, soit les boutons floraux, qu'on vend le plus souvent marinées dans le vinaigre, et les câprons, qui sont les fruits du câprier, qu'on utilise plutôt à titre décoratif mais qui, marinés également, sont tout aussi délicieux. 

Haut de 50 à 80 cm, pour une largeur de 100-150 cm, le câprier porte de longs rameaux retombants. Ses feuilles sont assez arrondies et épaisses, d'un vert grisâtre, et garnies de deux épines à leur base. Les fleurs (lorsqu'on ne cueille pas les boutons floraux!) sont odorantes et très jolies; blanches ou rose pâles, elles sont ornées de grandes étamines, ce qui leur donne un petit air exotique. Malheureusement , elles ne durent guère plus d'une journée. Les fruits, donc les câprons, sont oblongs et charnus, remplis de petites graines. 

Les feuilles du câprier peuvent être frottées sur les piqûres d'insectes pour soulager la douleur et les démangeaisons. L'écorce, elle, est utilisée pour ses propriétés diurétiques et pour soigner les infections gastro-intestinales.

En climat méditerranéen, on peut facilement cultiver le câprier chez soi: il pousse très bien dans les sols secs et pauvres, voire dans les crevasses entre les rochers. 

(Photo : Alberto Salguero, Wikimedia Commons)

(Photo: Pau Cabot, Wikimedia Commons)

(Photo : Danielle Keller, Wikimedia Commons)

(Photo : Clematis, Wikimedia Commons)

Le théier (Camellia sinensis)

L'infusion de feuilles de cet arbuste d'origine asiatique donne la boisson la plus consommée dans le monde, après l'eau. Domestiqué depuis des milliers d'années, le théier est principalement cultivé en Chine, en Inde, au Vietnam, au Sri Lanka et, dans une moindre mesure, au Kenya. Des projets de plantations sont cependant tentés en Europe et en Amérique. 

Ce n'est toutefois pas facile de réunir toutes les conditions requises pour la culture du théier, qui est assez capricieux, en fait. Il lui faut un sol qui ne soit ni calcaire, ni argileux, mais plutôt sédimentaire. Le taux d'humidité dans l'air doit être élevé et le climat pluvieux; par contre, trop de pluie peut être dommageable... Le vent est également nocif car il dessèche les feuilles. Bref, on ne peut pas cultiver le thé où on veut! 

Précisons que, peu importe qu'il s'agisse de thés blanc, vert, wulong ou noir, tous proviennent de la même espèce; c'est le traitement des feuilles, qui sont séchées puis qu'on laisse s'oxyder plus ou moins longtemps, qui varie.

À l'état sauvage, le théier mesure entre 1 et 10 mètres de haut; dans les plantations, on taille les plants dès leur plus jeune âge pour les maintenir à une hauteur de 1,20 mètres, ce qui facilite la cueillette. Celle-ci se fait majoritairement à la main.

Les feuilles du théier sont longues et allongées, brillantes et plutôt coriaces. Seules celles des extrémités des branches sont cueillies. Les fleurs, simples mais jolies, portent des pétales blancs et de nombreuses étamines jaunes. Cette floraison se produit habituellement deux fois par année.

Il est possible de cultiver un théier en pot, dans la maison; il mesurera alors entre 1 et 3 mètres. On peut fabriquer soi-même son thé en cueillant les nouvelles feuilles et en les séchant, mais la production sera tout de même assez réduite. 

(Photo: domaine public, Wikimedia Commons)

(Photo: Auteur inconnu, Wikimedia Commons)

(Photo: Reji Jacob, Wikimedia Commons)

(Photo : Pixabay)

Le poivrier (Piper nigrum)

Il s'agit d'une liane originaire de l'Inde, qui pousse en zone tropicale et dont nous consommons le fruit: cueillies presqu'à maturité et séchées, ces petites baies constituent le poivre noir, tandis que les baies immatures fraîches gardées humides constituent le poivre vert. Quant au poivre blanc, il s'agit des baies séchées qui ont été dépouillées de leur enveloppe extérieure. 

Le Vietnam est le premier producteur mondial de poivre, suivi par le Brésil et l'Inde. 

Le poivrier peut atteindre jusqu'à 4 mètres de hauteur. Il aime la chaleur, la lumière intense et demande beaucoup d'humidité. Il produit une floraison sous forme d'épis pendants de toutes petites fleurs blanches. Ces fleurs donneront naissance aux baies, qui sont d'un rouge éclatant lorsqu'elles sont parvenues à maturité. 

Il est possible de cultiver le poivrier comme plante d'intérieur, à l'aide d'un treillis (puisqu'il s'agit d'une grimpante). Arrosez-le régulièrement, sans laisser le terreau s'assécher complètement, et au bout de quelques années, vous pourrez récolter vos premières baies! 

(Photo: David Monniaux, Wikimedia Commons)

(Photo : H. Zell, Wikimedia Commons)

(Photo: Schlawensko, Wikimedia Commons)

(Photo : Rainer Zenz, Wikimedia Commons)

Ceci conclut notre petit tour du monde; j'espère que vous l'avez apprécié. Il y a encore de nombreuses plantes dont j'aurais pu parler, comme le vanillier et le cocotier, par exemple. Si on ajoute à ces différents végétaux tous les arbres fruitiers, les céréales et les plantes maraîchères, on s'aperçoit à quel point la nature est généreuse avec nous; on constate également toute l'importance de préserver la nature pour la protection des pollinisateurs, sans qui toutes ces espèces n'existeraient pas.