Bienfaisante scrophulaire

Ces dernières années, on parle beaucoup de l'importance de sauver les abeilles et autres pollinisateurs, qui sont nécessaires à l'agriculture et à la survie des plantes en général, ainsi qu'à la nôtre, par ricochet. Ces petites bêtes ont été bien malmenées, tant par les maladies que par l'utilisation des pesticides. Chaque petit geste compte et chacun de nous peut faire sa part, d'abord en limitant son utilisation de substances nocives (tout aussi malsaines pour nous que pour la faune, d'ailleurs!), mais aussi en plantant des végétaux nectarifères. En leur offrant des milieux où ils peuvent se nourrir et se reproduire, on participe activement à la protection des pollinisateurs. 

Je vous ai déjà présenté plusieurs plantes mellifères; je vous parle aujourd'hui d'une autre de ces espèces, la scrophulaire noueuse (Scrophularia nodosa).

(Photo : Jeffdelonge, Wikimedia Commons)

Bon, nous allons tout de suite nous mettre d'accord sur un point: la scrophulaire n'est vraiment pas la vivace la plus décorative. Personne n'en fera la plante vedette de son jardin, c'est sûr! J'ai déjà vu qu'on la qualifiait d'élégante... C'est un peu exagéré, à mon avis. Mais bon, ce n'est pas non plus la plante la plus laide que j'aie vu et je la cultive plutôt en arrière-plan; elle remplit ainsi son rôle de garde-manger pour les pollinisateurs sans trop attirer l'attention. 

Les feuilles, triangulaires, dentées et nervurées, sont portées par des tiges pouvant mesurer de 50 à 150 cm. Les fleurs sont très quelconques; de couleur brunâtre, elles ont une forme assez étrange, plutôt difficile à décrire en fait! Elles éclosent au début de l'été en petits panicules et se succèdent jusqu'à  l'automne.

(Photo : Kurt Stüber, Wikimedia Commons)

Dans la nature, un peu partout dans l'hémisphère nord, la scrophulaire se retrouve souvent dans des milieux humides et à la lisière des forêts; par contre, elle s'adapte facilement à presque tous les types de sol, ce qui est bien pratique si on veut en planter au jardin. On la cultive principalement à l'ombre ou à la mi-ombre. 

Il s'agit d'une plante qui a longtemps été utilisée pour ses propriétés médicinales, ce qui est moins le cas de nos jours. On s'en servait pour soigner les tumeurs, surtout aux XVIe et XVII siècle. Elle serait anti-inflammatoire, analgésique et cicatrisante, entre autres; il s'agirait donc d'une plante intéressante pour les problèmes cutanés tels que le psoriasis et l'eczéma. Elle aurait également des propriétés dépuratives.

Il est cependant recommandé d'être très prudent à propos de son utilisation, surtout si on souffre de problèmes cardiaques; en effet, la scrophulaire peut être hypertensive. 

(Photo : Franz Xaver, Wikimedia Commons)

Comme vous pouvez le constater, chacun de nous peut faire sa part pour assurer la sauvegarde des pollinisateurs et plus particulièrement des abeilles, c'est tout simple: en cultivant des végétaux mellifères comme la scrophulaire, on pose un geste concret qui a des répercussions réelles. Et que personne ne vienne dire que ce n'est pas facile! 

Alors je vous lance le défi : plantez ne serait-ce qu'un seul plant de scrophulaire chez vous; vous pourrez ensuite vous dire que vous avez fait une différence!