Somptueux héliotrope

Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que mon jardin, c'est surtout une grosse collection de plantes vivaces, dispersée dans plusieurs plates-bandes que je dois souvent agrandir parce qu'elles sont pleines à craquer. Ça crée un joyeux fouillis, qui ne gagnerait jamais un prix dans un concours d'aménagement paysager mais qui me plaît, à moi. 

Je cultive donc peu d'annuelles, juste quelques potées destinées à égayer le patio, le balcon avant, un vieux banc de bois tout moussu, etc. J'achète toujours les classiques géraniums (Pelargonium) et coléus, mais j'aime aussi cultiver quelques espèces que l'on voit un peu moins souvent, histoire de varier un peu. Cette année, j'ai choisi l'héliotrope (Heliotropium arborescens). 

(Photo : Pixabay)

Il s'agit d'un petit arbuste au port buissonnant originaire d'Amérique du Sud, plus précisément du Pérou, qui se cultive ici comme une annuelle. Dans son habitat naturel, il peut très bien dépasser les 100-110 cm; mais les hybrideurs ont travaillé à réduire sa taille alors les cultivars que l'on se procure dans les jardineries mesurent plutôt 50-60 cm. 

Le feuillage de l'héliotrope est déjà beau, à la base; les feuilles lancéolées sont finement nervurées et d'un joli vert foncé. Elles présentent une texture gaufrée. Les fleurs, qui apparaissent en été, sont petites et réunies en panicules aplatis; on en trouve des violettes (en fait bleu violacé), des roses, des pourpres et des blanches, selon les cultivars. Personnellement, j'ai choisi le cultivar 'Marino Blue' et ses panicules violets.

(Photo: Pixabay)

Les fleurs d'héliotrope dégagent un parfum qui rappelle la vanille; c'est donc une excellente idée de la cultiver près des aires de passage ou sur les balcons, terrasses et patios afin de profiter de cette odeur suave. Comme elles sont mellifères, elles donnent un bon coup de pouce aux abeilles et aux autres pollinisateurs.

On cultive l'héliotrope à la mi-ombre, de préférence, et dans un sol frais et humide. Il aime bien le soleil mais pas durant les heures de la journée où celui-ci est le plus ardent. S'il est en pot, on s'assure de ne pas laisser le terreau trop s'assécher. La suppression des panicules floraux fanés contribue à prolonger la floraison.

(Photo : Cody Hough, Wikimedia Commons)

On peut hiverner l'héliotrope dans la maison, en prenant soin de l'acclimater graduellement pendant quelques jours. On l'installe dans une pièce plutôt fraîche et on réduit alors un peu les arrosages; au printemps, on pourra le ressortir progressivement.

L'héliotrope est très utilisé en parfumerie, principalement pour ajouter une odeur vanillée aux parfums féminins mais on le retrouve également dans certains jus masculins, où il apporte une note crémeuse.  

Bien que les fleurs d'héliotrope aient été présentes dans la pharmacopée des civilisations précolombiennes, qui s'en servaient pour faire diminuer la fièvre, je vous conseille fortement de prendre un Tylenol ou un Doliprane, plutôt que de tenter l'expérience! En effet, toutes les parties de la plante contiennent des alcaloïdes qui causent des dommages au foie, tant chez l'humain que chez les animaux. On la garde donc hors de portée des enfants et de nos petits amis à quatre pattes, pour plus de sûreté. 

Je ne sais pas si vous allez céder au charme de cette belle annuelle mais je peux vous dire, pour ma part, que même s'il y a peu de temps que j'ai mon plant, j'apprécie déjà beaucoup sa facilité de culture. Des arrosages réguliers et le tour est joué; le feuillage demeure très beau et de nouveaux panicules apparaissent dès que les plus anciens sont fanés. Je pense pouvoir confirmer à la fin de l'été que l'héliotrope s'ajoute à ma liste de coups de cœurs!