Tant qu'il y a de la vie...

Le jardinage apporte beaucoup de plaisir et de satisfaction, ce qui lui vaut sa popularité; mais il est important de garder en tête que nous jouons avec des organismes vivants. Les plantes ne sont pas éternelles, certaines sont particulièrement fragiles et une foule de facteurs peut venir les perturber; nous sommes donc parfois confrontés à la mort de nos végétaux, ce qui peut s'avérer très décevant, surtout s'il s'agit d'espèces plus rares et difficiles à trouver. 

Mais Dame Nature fait bien les choses et a doté la plupart des plantes d'une bonne capacité à survivre. C'est pourquoi il ne faut pas jeter la serviette trop vite: il est souvent possible de rescaper une plante moribonde. Alors, plutôt que d'avoir le réflexe de mettre immédiatement ces spécimens au compost, pourquoi ne pas tenter un sauvetage?  

(Photo: Pixabay)

Une plante en pot qui a été trop arrosée peut s'en remettre si on prend soin de laisser le terreau s'assécher et d'espacer les arrosages par la suite. Il est aussi très important de s'assurer que le pot se draine bien et de ne jamais laisser d'eau stagnante dans la soucoupe car, si les racines pourrissent, les chances de survie de la plante diminuent drastiquement. 

Si, au contraire, vous avez oublié d'arroser une plante et qu'elle a piètre allure, vous pouvez tenter de la ranimer en la bassinant. Pour ce faire, déposez le pot dans un évier ou un lavabo rempli d'eau de façon à ce que tout le terreau soit immergé. Lorsque la motte est bien imbibée, retirez le pot de l'eau  et laissez le s'égoutter; avec un peu de chance, la plante devrait retrouver un peu de tonus au bout de quelques heures. Évidemment, s'il ne reste qu'un petit chicot brun tout desséché, ça ne fonctionnera probablement pas, mais dans le doute, ça vaut la peine d'essayer. 

(Photo: Pixabay)

Un de vos arbres ou arbustes tarde à produire des bougeons au printemps et vous vous demandez s'il est encore vivant? Avant de le déterrer ou de sortir la hache pour l'abattre, mieux vaut vous en assurer. Il suffit de gratter doucement l'écorce d'une petite branche avec vos ongles ou un petit couteau, de façon superficielle; si le dessous de l'écorce est vert, c'est qu'il y a encore de la vie. Bien souvent, une petite taille de nettoyage suffit alors. Un arbre ou un arbuste mort sera brun ou gris sous l'écorce et ses rameaux seront secs et cassants. 

Pour ce qui est des plantes vivaces, il arrive fatalement un jour où, malgré le retour du printemps, elles ne repoussent pas. Certaines espèces, comme la pivoine, peuvent durer une centaine d'années tandis que d'autres, comme la mauve musquée, ne vivent guère plus de deux ou trois ans. Bon an mal an, je perds ainsi de cinq à dix plants chaque année. C'est le cycle normal de la vie végétale. Ça laisse évidemment quelques trous dans mes plates-bandes mais ça me donne l'occasion de cultiver autre chose à ces endroits. 

Anémone du Canada 

(Photo: Isabelle Frappier)

Mais, là encore, même si une vivace ne repousse pas, il reste parfois un espoir. Mon plan d'anémone du Canada (Anemone canadensis) a rendu l'âme il y a deux ans, à mon grand regret... J'ai attendu un peu mais j'ai dû me résoudre à le remplacer par une autre plante. Or, voilà qu'en creusant le trou de plantation, j'ai aperçu à quelques centimètres de là une minuscule plantule portant une seule feuille qui me rappelait drôlement celles de l'anémone. J'ai prélevé ladite plantule, je l'ai installée dans un coin de la plate-bande et je l'ai bichonnée. Elle a grossi puis, ce printemps, a fini par fleurir: c'est bien une anémone du Canada! Sans doute une graine provenant de mon défunt plant qui a germé. La nature est bien faite, non? Un plant meurt, un autre naît...

Il arrive également qu'un hiver particulièrement rigoureux amoche durement une vivace; ainsi, au printemps, au lieu de repousser aussi bien que d'habitude, elle ne produit qu'une ou deux petites tiges plutôt chétives. Il est alors tentant d'arracher cette pauvre plante pour la remplacer par un spécimen de meilleure apparence... Mais je ne le fais jamais, bien sûr! Et je suis habituellement bien récompensée pour mes bons soins. Voyez: l'euphorbe polychrome (Euphorbia polychroma) qui n'a fait qu'une misérable petite pousse l'année dernière a complètement récupéré aujourd'hui! Heureusement que je ne l'ai pas laissée tomber! 

Euphorbe polychrome

(Photo : Isabelle Frappier)

Cette année, c'est un de mes asters de Nouvelle-Angleterre (Symphyotrichum novae-angliae) que je vais tenter de sauver; le plant, habituellement énorme, n'a donné que quelques tiges éparses. La souche est à moitié pourrie, ce qui laisse présager une mort imminente. Je vais donc en détacher ces 4 ou 5 tiges avec chacune un petit bout de racine, retirer la souche et essayer de repartir à neuf avec ces plantules; il suffit qu'une seule d'entre elles s'enracine bien pour qu'elle prenne le relais...

Comme vous pouvez le constater, il suffit parfois de peu pour qu'une plante ait la chance de survivre, même dans certaines situations qui la laisse dans un état précaire. Dans le monde merveilleux de la vie végétale, la fameuse phrase "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir" prend tout son sens.