La corydale, mon amour impossible

Le printemps me donne envie de vous présenter des plantes à floraison printanière, ce qui est assez logique, vous en conviendrez. Et comme le printemps a pas mal tardé cette année au Québec, je me suis dit que ça nous ferait du bien de voir un peu de couleur! 

J'ai porté mon choix sur une vivace dont j'adore le look mais que je n'arrive pas à cultiver, malgré de nombreux essais; je vous en reparle un peu plus loin dans cet article. Pour le moment, je vous invite à découvrir, si ce n'est déjà fait, la jolie corydale (Corydalis). Il en existe de nombreuses espèces mais je vais me concentrer sur les deux qui sont le plus fréquemment présentes au jardin.

La corydale jaune (Corydalis lutea ou Pseudofumaria lutea)

Il s'agit de la corydale que je préfère et que je désire tant avoir chez moi (soupir)... Elle est originaire d'Europe où elle pousse, entre autres, dans les régions alpines. 

(Photo : Pixabay)

Son feuillage vert tendre est fin et découpé; il me fait un peu penser à celui de certaines fougères comme les capillaires. Je le trouve très attrayant tout au long de la belle saison. Les fleurs d'un beau jaune lumineux, en trompettes allongées, poussent en grappes; cette floraison peut être assez longue, si la plante se plaît bien là où elle est. 

La corydale jaune apprécie les sols frais et humides; je vous suggère de la cultiver à la mi-ombre. Elle forme une touffe buissonnante de 20 à 40 cm de haut. Si les conditions lui conviennent, elle se ressème d'elle-même. 

J'ai planté des bébés corydales jaunes à maintes reprises chez moi, dans presque toutes mes plates-bandes; rien à faire, elles ne survivent pas. Je n'ai même jamais eu la moindre floraison. Pourtant, le dernier plant que j'ai acheté (et payé cher!) était bien gros et fourni; rien. Mon sol n'est pas suffisamment humide, selon moi, et les arrosages fréquents que j'effectuais pour compenser n'ont pas suffi. Je dois me rendre à l'évidence : mon jardin ne convient vraiment pas à cette plante magnifique que je devrai me contenter de contempler ailleurs...

La corydale jaune était autrefois utilisée comme vermifuge; on a cessé cette pratique après avoir découvert qu'elle contenait des alcaloïdes toxiques qui peuvent attaquer le système nerveux. Il est donc fortement déconseillé de l'ingérer!

La corydale bleue (Corydalis flexuosa)

Je n'ai pas encore tenté de cultiver cette espèce (je préfère vraiment l'apparence de la jaune) et je ne sais pas si je vais le faire. Comme sa cousine, elle affectionne les sols frais et humides, alors je ne crois pas qu'elle se plairait davantage chez moi. Enfin, peut-être que si on m'en offre une petite division, je ferai l'essai...

La corydale bleue a été découverte au Tibet; c'est une plante de forêt, qu'on cultive préférablement à l'ombre ou à la mi-ombre. 

(Photo: Pixabay)

Cette corydale possède elle aussi un feuillage découpé mais je le trouve un peu plus "mou" que celui de la corydale jaune; si le chaleur s'installe un peu trop à son goût, il tend à disparaître, la plante entrant alors en dormance pour l'été. La floraison est admirable, d'un bleu plus ou moins profond selon les cultivars. Ici, encore, on retrouve de longues fleurs en trompettes regroupées en grappes. Elles fleurissent pendant quelques semaines, au printemps, et dégagent une odeur légèrement sucrée. 

La corydale bleue se ressème facilement et finit par former un couvre-sol haut d'une trentaine de centimètres. Elle aussi est toxique et ne doit pas être consommée : elle peut alors causer des problèmes hépatiques. 

C'est toujours un peu déchirant de devoir renoncer à cultiver une plante pour laquelle on a eu un gros coup de coeur... Mais ce n'est pas la première fois que ça m'arrive et ce ne sera certainement pas la dernière. C'est ça le jardinage : on travaille avec des organismes vivants et on ne peut pas les contraindre à vivre là où ils ne sont pas heureux. Cependant, si vous avez un petit coin de jardin qui convient à la corydale et que vous décidez d'en planter, ayez une petite pensée pour moi!