Mes mauvaises herbes préférées

Je reviens aujourd'hui avec un second texte  consacré à ces plantes sauvages qui poussent chez nous sans y être invitées; mais, contrairement à  l'article que j'ai déjà publié sur le sujet, j'aimerais cette fois adopter une approche un peu plus positive. Après tout, qu'est-ce qu'une mauvaise herbe? 

En fait, certains végétaux que nous considérons comme des indésirables peuvent être très attrayants pour d'autres gens. Un journaliste horticole m'a déjà raconté que dans certaines régions du globe, des collectionneurs payaient le prix fort pour des plants de pissenlits, puisqu'il s'agit d'une espèce exotique pour eux. Et si certaines mauvaises herbes peuvent être une vraie plaie, comme le liseron qui se répand à la vitesse grand V et s'entortille autour des tiges des plantes que nous cultivons, il y en a des inoffensives qui peuvent même être très jolies. 

Pour moi, une mauvaise herbe, c'est une plante qui pousse dans une de mes plates-bandes et qui n'a rien à y faire; elle est indésirable pour moi et je l'arrache. Par contre, la même plante peut très bien s'installer dans ma pelouse ou mon coin sous-bois, elle ne me cause aucun problème et peut y croître en toute tranquillité! 

Évidemment, parmi ces plantes sauvages, il y a en a que j'accueille avec plus de plaisir que d'autres; je vous en présente quelques-unes.

Épervière orangée (Pilosella aurantiaca)

Depuis ma plus tendre enfance, j'aime cette fleur d'un orange vif perchée au bout d'une tige poilue. Je l'associe dans ma mémoire a un terrain vague qui etait situé près de chez moi et qui débordait de fleurs sauvages. 

C'est une plante vivace originaire d'Europe qui mesure habituellement 20-30 cm et qui fleurit de la fin du printemps à la fin de l'été. Les poils noirs qui recouvrent le feuillage, qui pousse en rosette à la base du plant, la tige et les boutons floraux leur donne une couleur verte très foncée. 

L'épervière possède des vertus médicinales; on peut la consommer en tisane pour ses propriétés diurétiques et pour diminuer la production de mucus lors d'un rhume ou d'une grippe.  

(Photo): Pixabay

Pensée sauvage (Viola tricolor)

Il s'agit sans doute de ma préférée; j'aime la délicatesse des pétales. En fait, j'aime toutes les espèces de pensées et je n'hésite pas à en cultiver, mais j'ai réellement une affection particulière pour la petite pensée sauvage.

Haute d'une dizaine de centimètres, la pensée sauvage fleurit surtout au printemps et au tout début de l'été. Le feuillage est alterne le long d'une tige parfois rampante; quand à la fleur, elle peut être tricolore (violet, jaune et blanc), évidemment, mais également unicolore. Fait surprenant, cette pensée peut être annuelle ou vivace.

Comestible, la fleur de pensée est souvent utilisée pour décorer des mets ou conférer un petit goût légèrement poivré à une salade. En infusion, elle démontre des vertus dépuratives

et sédatives.

(Photo : Pixabay)

Aster à feuilles cordées (Symphyotrichum cordifolium)

Celle-ci, je l'ai carrément intégrée dans une de mes plates-bandes! Elle pousse à foison au Québec, où elle est indigène, alors j'ai transplanté un plant qui a surgi dans ma haie de spirées et il prospère maintenant en compagnie d'autres espèces d'asters.

Je cultive cet aster vivace à la mi-ombre mais il tolère également le plein soleil. On le reconnait à ses larges feuilles en forme de coeur et à ses petites fleurs au pétales d'un violet très pâle entourant un coeur brun-jaune. La floraison, très abondante, débute vers la fin de l'été et dure plusieurs semaines. C'est une plante qui mesure autour de 60 cm et, même si elle semble se ressemer allègrement dans la nature, elle n'est pas envahissante dans mon jardin: elle demeure sagement à l'emplacement que je lui ai attitré, se contentant de grossir un peu, graduellement. 

(Photo: Isabelle Frappier)

Bouton d'or (Ranunculus repens)

On l'appelle aussi renoncule rampante et elle pullule dans ma pelouse, à mon grand plaisir. J'aime autant son feuillage, qui me fait penser à celui du céleri mais en plus foncé, que ses jolies fleurs jaunes en forme de corolles. 

Plante vivace assez envahissante, le bouton d'or mesure entre 10 et 20 cm, parfois un peu plus. On le vend quelquefois comme plante ornementale, notamment une variété à fleurs doubles ('Flore Pleno') mais il faut éviter de le planter dans une plate-bande; on se contente de l'utiliser comme couvre-sol car il court beaucoup! 

Le bouton d'or est utilisé notamment en homéopathie et même en phytothérapie mais je ne me risquerais pas trop... En effet, il s'agit d'une plante toxique que, personnellement, je n'osais ingérer.

(Photo : Pixabay)

Violette sauvage (Viola odorata)

Chaque printemps, je suis séduite par ces jolies fleurettes qui parsèment ma pelouse. Il y a même un gros plant de violettes jaunes qui a surgi dans une de mes plates-bandes il y a deux ans et je l'y ai laissé, il est superbe! 

Il s'agit donc d'une espèce vivace, mesurant de 20 à 30 cm; on la reconnaît à ses feuilles ovales en forme de coeur et à ses fleurs qui peuvent être violettes, évidemment, mais également blanches ou jaunes. 

Aussi appelée violette odorante, elle est très prisée en parfumerie. Les fleurs sont également comestibles; elles contiennent cependant de la saponine, qui peut irriter l'estomac, alors on évite d'en avaler de pleines poignées! 

(Photo : Pixabay)

Linaire commune (Linaria vulgaris)

Une autre petite plante charmante que j'aime bien retrouver chez moi ou dans les parcs du quartier; la floraison en épis de la linaire me fait un peu penser à celle des mufliers et j'adore ces fleurs jaunes et oranges qui attirent les pollinisateurs. 

Haute de 20 à 70 cm, la linaire commune produit une énorme quantité de graines, ce qui explique qu'elle se ressème autant. Si ses fleurs sont très mignonnes et se succèdent tout l'été, le feuillage lui, est plutôt quelconque, avec ses petites feuilles étroites. En fait, on ne le remarque pas vraiment et ce n'est pas plus mal!

La linaire possède des vertus médicinales, diurétiques entre autres, mais elle est également toxique alors la prudence est de mise...

(Photo : Pixabay)

Vergerette annuelle (Erigeron annuus)

Encore une fleur sauvage qui me rappelle mon enfance! La vergerette est originaire d'Amérique du Nord mais elle pousse aujourd'hui abondamment en Europe également. 

Cette espèce mesure de 20 à 150 cm de hauteur; les tiges sont érigées, rigides et légèrement poilues. Quand aux fleurs, qui éclosent tout l'été et l'automne, elles ressemblent à des bébés marguerites! Chaque capitule jaune est entouré d'une cinquantaine de mini-pétales blancs ou rose pâle.

La vergerette est comestible: on peut déguster ses feuilles poivrées dans une salade ou encore faire cuire les tiges, un peu comme des asperges. 

(Photo: Pixabay)

Chicorée sauvage (Cichorium intybus)

Cette plante aime les sols pauvres et secs, ce qui fait qu'on la retrouve plus souvent au bord des routes que sur nos terrains. Originaire d'Europe et d'Asie, elle pousse aussi largement au Québec et fleurit de juin à septembre. Comme chez la vergerette, la taille des plants varie beaucoup, entre 30 et 150 cm de hauteur.

La chicorée sauvage produit de magnifiques fleurs bleues aux pétales dentelés à leur extrémité. Certaines fleurs peuvent être blanches ou tirer sur le rose. 

Les fleurs, les feuilles et les racines sont comestibles: on peut ajouter les fleurs et les feuilles à une salade tandis que la racine moulue est utilisée comme succédané du café. La chicorée sauvage possède également des propriétés digestives.

(Photo : Pixabay)

Comme vous pouvez le voir, ce ne sont pas toutes les mauvaises herbes qui sont moches et méchantes! Certaines pourraient très bien être utilisée comme plantes ornementales si ce n'était du fait qu'elles ont tendance à être envahissantes. Et vous, que pensez-vous de ces espèces?