Cultiver des plantes carnivores

Elles nous intriguent immanquablement et, pourtant, nous les connaissons très peu. En fait, nous avons une idée souvent erronée de ce que sont les plantes carnivores; c'est pourquoi j'ai eu envie d'en apprendre davantage à leur sujet. 





Pour donner une définition assez générale, disons que les plantes carnivores ont la capacité d'attirer et de capturer des petites proies qu'elles assimilent ensuite pour se nourrir. Ces proies consistent en des insectes, des acariens, des araignées, etc. Le carnivorisme ne constitue pas leur seule source de nutriments; elles se nourrissent également des substances qu'elles trouvent dans leur sol.


La capture

Oublions tout de suite l'image de la plante qui claque des mâchoires à l'approche de la moindre bestiole! Si certaines espèces disposent de pièges mobiles dont le mouvement peut être perceptible, celui-ci est invisible à l'œil nu chez beaucoup d'autres; il existe également des types de pièges complètement passifs. 

Les proies sont attirées par le parfum, les couleurs ou les forme des plantes carnivores; une fois que l'insecte se pose sur la plante, il peut être fait prisonnier dans une "urne" formée par le feuillage ou la fleur, être retenu par une substance collante ou encore être enfermé dans un dispositif qui se referme. Il est ensuite digéré et absorbé par la plante. 


L'habitat

On a souvent l'impression que les plantes carnivores ne poussent que dans la jungle ou les forêts tropicales, mais on en trouve pourtant un peu partout, même ici, au Québec! Elles vivent habituellement dans des milieux humides, comme les marécages et les tourbières, où le sol est pauvre; c'est ce qui explique d'ailleurs pourquoi elles utilisent les insectes comme complément nutritif. 


Quelques espèces


Il existe des centaines de plantes carnivores et on continue à en découvrir de nouvelles... Mais certaines d'entre elles peuvent très bien se cultiver dans la maison; je vous en présente quelques-unes.


Dionée attrape-mouches (Dionaea muscipula)

Il s'agit d'un espèce qu'on trouve assez facilement sur le marché; c'est sans doute la plus emblématique. Il faut dire que ses feuilles doubles ornées de petites dents acérées lui donnent tout à fait l'allure d'une "prédatrice"! 


(Photo : Pixabay)



La dionée présente des feuilles disposée en une rosette qui peut atteindre 10-15 cm de diamètre. Les fleurs, qui éclosent au printemps, au bout de tiges florales d'environ 30 cm, sont blanches et rassemblées en ombelles. 

Le piège de la dionée est composé de ces fameuses feuilles bilobées qui se referment rapidement lorsqu'un insecte s'y aventure. L'intérieur de ce piège comporte des parties digestives permettant l'assimilation de la proie. Ce mécanisme fit d'ailleurs l'admiration de Charles Darwin lorsqu'il put l'observer. 

Originaire des Caroline, aux États-Unis, la dionée y pousse dans les marais et les tourbières. Elle est soumise à un cycle composé d'étés chauds suivis d'hivers parfois rudes. Il faut donc reconstituer ces conditions à la maison, en lui offrant une pause hivernale pendant laquelle on réduit beaucoup les arrosages (juste assez d'eau pour garder le terreau humide). La plante ralentira alors sa croissance et en profitera pour préparer sa prochaine floraison. Si on ne respecte pas ce cycle, la dionée risque alors de s'épuiser et de mourir prématurément.

En raison de la mobilité de ses pièges et de la vitesse d'action du mécanisme, la dionée est particulièrement intéressante à observer; les enfants l'adorent! 


(Photo : NC Orchid, Wikimedia Commons)
La dionée attrape-mouches dans son habitat naturel



Droséra à feuilles rondes (Rossilis rotundifolia)

Il existe plus de 180 espèces de droséras et la plupart d'entre elles poussent dans l'hémisphère sud; celle-ci se rencontre plutôt en Amérique du Nord, en Europe et en Asie.

Ce droséra est de petite taille (4 ou 5 cm de diamètre); ses feuilles, d'un vert qui se teinte de rouge, sont bordées de poils. La floraison, de couleur blanche, se produit de juin à septembre; les fleurs, qui s'ouvrent vers midi par temps très ensoleillé, poussent sur une tige florale d'environ 20 cm émergeant du centre de la rosette de feuilles. 


(Photo: DymphieH, Wikimedia Commons)



Le droséra piège ses victimes en les attirant avec un liquide collant sécrété par les feuilles; une fois engluée, la proie y est digérée. 

Tout comme la dionée, le droséra aime bénéficier d'une pause en hiver, avec arrosages réduits; il est possible qu'il perde une bonne partie de ses feuilles pour en former de nouvelles une fois le printemps revenu. 


(Photo : Rosta Kracík, Wikimedia Commons)



Népenthès (Nepenthes)

On retrouve plusieurs espèces de népenthès, toutes originaires de régions tropicales humides. Ce sont des plantes grimpantes mesurant de quelques centimètres à plusieurs mètres qui, en nature, s'appuient sur des arbres ou rampent au sol. À la maison, on les cultive la plupart du temps en panier suspendu.

Les feuilles du népenthès sont modifiées et se terminent en urnes de taille variable; la floraison, elle, est brunâtre et passe pratiquement inaperçue. 


(Photo : Pixabay)



L'ouverture des urnes recèle un nectar qui attire les insectes; ceux-ci y tombent et s'y noient dans un liquide acide qui en permet la digestion. 

Cultiver les népenthès est un peu plus difficile que pour les espèces précédentes; ils demandent beaucoup d'humidité ambiante et la formation des urnes requiert une bonne luminosité. 


Drosophyllum (Drosophyllum lusitanicum)

Cette plante carnivore vit au sud de l'Espagne, du Portugal, à Gibraltar et au Maroc. Elle croît dans des sols pauvres et secs. 

Le drosophyllum a une forme buissonnante; il est constitué de longues feuilles très fines portant des glandes digestives et d'autres glandes qui produisent de la glu. Les fleurs jaunes à 5 pétales, plutôt jolies, éclosent plus particulièrement à la fin de l'hiver ou au début du printemps mais, dans la maison, la plante peut fleurir à l'année.


(Photo : Javier martin, Wikimedia Commons)


(Photo : Denis Barthel, Wikimedia Common)




Pour attirer les insectes, le drosophyllum secrète des gouttes d'un nectar qui sent un peu le miel; lorsque les bestioles, alléchées, se posent ou grimpent sur les feuilles, elles y demeurent collées et y sont rapidement digérées.

Le drosophyllum demande un environnement un peu moins humide que d'autres plantes carnivores et n'est pas pas difficile à cultiver.


Culture

La plupart des plantes carnivores préfèrent les emplacements avec une bonne luminosité; comme elles demandent habituellement un environnement humide, il peut être judicieux de les cultiver en terrarium. Retirez toute feuille flétrie pour éviter la moisissure.

Si vous le désirez, vous pouvez "nourrir" votre plante carnivore en lui offrant un petit insecte à l'occasion... Mais, normalement, elle devrait être capable de se débrouiller par elle-même. Ne lui offrez pas de viande crue (sans blague, ça s'est déjà vu!), qui ne pourra que pourrir et lui nuire.


Il peut être fort intéressant de se procurer une plante carnivore, que ce soit pour l'observer ou pour son apparence inusitée; j'ai déjà cultivé une dionée attrape-mouches et c'est plutôt mignon, en fait! Comme pour tous les  autres végétaux, mon conseil demeure le même : avant d'acheter, informez-vous! Vous serez ainsi plus en mesure de répondre aux besoins spécifiques de votre plante et elle n'en sera que plus heureuse chez vous.






Commentaires

  1. Coucou Isabelle,

    J'ai déjà eu 2 races différentes de plantes carnivores mais je n'ai pas réussi à les garder en vie très longtemps. Peu informée et j'avoue qu'il m'arrive souvent d'oublier d'arroser mes plantes d'intérieur. Et comme elles vivent tout de même en milieu humide...

    Bise

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    1. Ah oui, je vois! En effet, ce n'est pas toujours facile de leur offrir les conditions idéales.

      Bisous à toi

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  2. Coucou ! Je ne connais que la première espèce ! Ma belle-sœur en est fan elle en a pleiiiin et c’est vraiment ses bébés lol. Bisous

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  3. Hello
    Je connais le Dionée attrape-mouches mais également le Népenthès pour l'avoir vu dans un reportage ! Par contre, je n'avais pas entendu parler des autres. Je trouve le Drosophyllum étonnante et même captivante.
    Bises

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    1. Le drosophyllum me plaît beaucoup, à moi aussi!

      Bisous à toi

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  4. Wow, super intéressant ton article.

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  5. Coucou ! Je trouve ça fascinant ce genre de plantes ! Il me semble en avoir déjà vu en pépinière, mais je n'en ai jamais acheté. Bisous

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    1. En effet, c'est fascinant! C'est pour ça que j'ai eu envie de faire des lectures plus approfondies...

      Bisous à toi

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  6. Je les trouve toutes très jolies et uniques en leur genre.
    J'oublie tellement de les arroser que j'ai décidé de ne plus en acheter mais je les adore.
    Un jour peut-être :D Merci pour toutes ces infos. Bises

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    1. Ah oui, ce n'est pas idéal pour les plantes carnivores, qui demandent un milieu humide...

      Bisous

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  7. Coucou, je n'en ai jamais eu et ne connais pas trop les plantes carnivores. Je te remercie donc de t'être renseignée et de partager avec nous le résultat! Pour l'instant ma main n'est pas très verte. J'attends donc d'être meilleure en jardinage pour me lancer ^^.

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    1. De rien! Oui, effectivement, les plantes carnivores ne sont peut-être pas les plus faciles, pour se faire la main... ;)

      Bisous

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  10. J'en ai déjà vu très régulièrement en jardinerie, mais je n'ai jamais osé franchir le pas, car l'entretien semble malgré tout plus compliqué que les plantes d'intérieur classique.�� De plus elle ne m'attire pas particulièrement (je préfère les plantes végétariennes)������

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    1. 42
      Ton commentaire m'a bien fait rire! 😄

      Effectivement, l'entretien, sans être si compliqué, demande quand même une certaine surveillance, surtout au niveau de l'humidité; disons que c'est plus délicat que de cultiver des langues de belle-mère ou une plante-araignée!

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