Article invité: Plantes compagnes ou plantes amies au potager

Dernièrement, j'ai lu un article très intéressant sur un blog que j'adore, "Prendre du temps pour..."; la rédactrice, Johanne Dagenais, qui aborde avec brio une grande variété de sujets, venait de publier un excellent texte sur le potager, texte que je m'étais d'ailleurs empressée de partager sur la page Facebook de La jardinière ordinaire (vous le trouverez ici). 

J'ai donc eu envie d'inviter Johanne pour une collaboration, puisqu'elle est manifestement beaucoup plus à l'aise que moi avec les plantes potagères! À ma grande joie, elle a accepté et nous offre aujourd'hui un article des plus instructifs qui, j'en suis persuadée, vous passionnera!

Plantes compagnes ou plantes amies au potager

Compagnonnage au potager (photo libre de droits  Pixabay)

Il y a quelques temps, j'ai eu le plaisir de recevoir une invitation toute spéciale de la rédactrice du blogue que vous lisez certainement avec autant d'intérêt que moi, "Les chroniques d'une jardinière ordinaire", un véritable trésor d'informations sur les plantes et arbustes qui peuvent égayer nos jardins. Il s'agissait d'une invitation à vous parler de potager, de jardin potager. Je suis loin d'être spécialiste dans ce domaine, mais d'année en année, je me plais à faire un potager, à me réjouir et me régaler de ce que j'en récolte. 

En réponse à l'invitation d'Isabelle, cette jardinière pas du tout ordinaire, je vous propose un article sur le concept d'association de plantes au jardin que l'on nomme "plantes amies", "plantes compagnes" ou "compagnonnage au jardin".

Plantes amies? Compagnonnage? 

Qu'est-ce que c'est? 

C'est tout simplement l'idée de regrouper certains végétaux ensemble pour faciliter la culture de ces plantes (légumes et fruits entre autres) en réduisant ainsi l'utilisation des engrais, pesticides et herbicides. Méthode ancienne qui semble reprendre de la vigueur depuis quelques années en raison de la tendance à rechercher des moyens plus acceptables pour protéger l'environnement et obtenir une alimentation biologique plus sûre pour la santé de chacun.

Il semble que ce soit tout de même une approche controversée; certains en parlent même comme étant du "folklore". Pourtant l'idée me plaît bien! En lisant sur le sujet je découvre que même un site comme celui du Jardin botanique de Montréal en fait mention: bon point en faveur des plantes amies! 

En continuant à chercher de plus amples informations sur cette approche que je souhaite être plus que folklorique ou légende urbaine, j'apprends qu'une branche de la botanique étudie la phytosociologie. Cette science qu'est la phytosociologie correspond à l'étude de communautés végétales qui se retrouvent dans un même environnement et des interrelations entre ces plantes et leur environnement. Deuxième bon point en faveur du compagnonnage au jardin! 

Et enfin il y a l'allélopathie, terme scientifique qui décrit "l'ensemble des interactions biochimiques entre les plantes entre elles ou avec des microorganismes" (Re: https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/allelopathie/). Le dicton se confirme : jamais deux sans trois! Il se dégage donc des informations scientifiques qui pourraient expliquer ces croyances populaires, ces savoirs anciens du compagnonnage.

L'idée m'apparaît d'autant plus séduisante que cette pratique évoque la possibilité d'avoir un potager écologique.

Vous souhaitez en savoir un peu plus? 

Jolie récolte au potager (Photo libre de droits Pixabay)

Venez, je vous propose maintenant une excursion dans ce monde du jardinage où certaines plantes font bon voisinage et s'entraident. 

Commençons par un bref voyage dans le temps pour découvrir que les peuples des Premières Nations connaissaient cette approche qu'ils ont développée de manière toute empirique. Je vous parle ici des "Trois sœurs", nom donné à l'association des trois plantes cultivées en compagnonnage par ces Premières Nations, soit le maïs, la courge et le haricot.

Vous vous demandez peut-être pourquoi ces trois plantes étaient privilégiées? Voyez comme tout était bien pensé :  le maïs poussant sur de longues tiges rigides devient un support naturel pour le haricot grimpant qui lui enrichit le sol pour le maïs et la courge en captant l'azote dans l'air; maïs et haricot regardent la courge de haut et lui font de l'ombre, elle qui n'apprécie pas trop le soleil. Mais cette dernière a aussi son rôle à jouer dans ce trio: la courge agit en couvre-sol, de telle sorte que les mauvaises herbes ne peuvent proliférer sous son feuillage dense et elle favorise en outre le maintien de l'humidité du sol autour de ses amies! Et si on prend le temps de regarder de plus près, on réalise ceci: le maïs étant une céréale qui, combinée à la légumineuse qu'est le haricot, procurent ensemble un apport de protéines végétales dans l'alimentation. La courge complète ce trio nutritionnel en ajoutant la part de légume ou fruit! Ce sont donc trois plantes amies, complémentaires dans la culture et complémentaires dans l'alimentation: il s'agit ici d'un savoir ancien à mémoriser, certainement le résultat de plusieurs siècles d'expérimentation.

Outre ces "trois soeurs", permettez-moi de vous présenter quelques autres associations possibles au jardin.

La plus connue peut-être, celle des tomates et du basilic, un délice dans l'assiette, ces deux plantes sont amies au potager: il suffit de disposer vos plants de basilic entre vos plants de tomates tout simplement. Le basilic éloigne certains insectes nuisibles aux tomates et ajoute à la saveur de la tomate. Le persil a aussi cet effet: un autre allié pour nos belles tomates! Donc en intercalant entre les plants de tomates basilic et persil, on obtient une formule gagnante pour le jardin... et pour le jardinier.

Voici quelques autres associations à retenir:

• Carotte, poireau, oignon et ciboulette... en rang d'oignons! 

• Haricots verts ou jaunes font bon voisinage aussi avec les carottes

•  Oignons et poireaux s'entendent bien avec les betteraves

•  Panais et radis gagnent à être semés dans un même espace : alternons donc les rangs!

Les fines herbes sont aussi utiles dans cet esprit de compagnonnage, comme on l'a vu avec le basilic et le persil. Mais on peut aussi penser au romarin qui en raison de son odeur particulière repousse des insectes nuisibles attirés par des concombres ou des carottes ou encore au thym qu'on utilise souvent en cuisine qui protège les végétaux de la famille du chou. La camomille, cette jolie plante aux nombreuses petites fleurs blanches, permet de préparer de bonnes tisanes en plus d'attirer des pollinisateurs : les petites abeilles l'adorent! 

Aimable pollinisateurs (Photo libre de droits Pixabay)

D'autres plantes fleuries joueront un rôle important au potager en repoussant des insectes nuisibles pour les cultures et en attirant d'autres qui leur sont bénéfiques, en voici quelques-unes : la lavande, la calendule (souci), l'œillet d'Inde (marygold) et le géranium.

Ces énumérations pourraient s'allonger de beaucoup, je vous invite plutôt à prendre connaissance de ce document du Jardin botanique de Montréal qui présente une liste exhaustive des associations possibles.

Vous faites votre potager tous les étés depuis belle lurette ou vous avez envie de vous initier cette année à cette activité, pourquoi ne pas tenter quelques expériences en compagnonnage! C'est sans risque! Observez les résultats au fil de l'été, prenez des notes pour améliorer vos performances d'année en années. Et surtout... amusez-vous!

Johanne Dagenais