Lâcher prise... même au jardin


Nous vivons à une époque exigeante. Nous sommes appelés à performer sans cesse et à être aussi près de la perfection que possible, et ce, dans pratiquement toutes les sphères de notre vie: au travail, en amour, en tant que parents... et même dans nos loisirs! Tout doit être plus que bien; nous nous mettons vraiment la pression pour tout! 

Personnellement, je trouve ça très malsain et je cherche à lâcher prise sur une foule de choses dans ma vie au quotidien. Et plus je le fais, mieux je me porte.

Eh bien, les mêmes principes s'appliquent quand il est question de jardinage! Beaucoup de gens veulent absolument un jardin impeccable, des plantes exemptes de tout insecte, le potager le plus productif du quartier, etc. Je vous ai d'ailleurs déjà parlé de mon père et de son obsession pour sa pelouse (Un homme et son gazon)... Malheureusement, ces personnes passent souvent à côté des joies toutes simples de l'horticulture et dépensent beaucoup de temps, d'énergie et d'argent pour atteindre des standards trop élevés. 


(Photo : Isabelle Frappier)



Pratiquer la tolérance

La présence de pucerons, de limaces et autres bestioles indésirables est plutôt désagréable au jardin, j'en conviens. Ce serait bien si on pouvait s'en débarrasser complètement et une fois pour toutes en claquant des doigts. Malheureusement, ils existent et depuis pas mal plus longtemps que nous!

C'est possible de venir à bout de la plupart des insectes ravageurs mais il faut alors sortir l'artillerie lourde; on peut faire appel à des professionnels ou, dans certains cas, s'en charger soi-même. Il y a cependant un prix à payer si on décide d'opter pour ce type d'approche : les traitements coûtent cher, sont souvent à répéter plusieurs fois et les produits utilisés sont habituellement nocifs pour l'environnement. 

La question à se poser est la suivante: est-ce bien nécessaire d'y aller de façon si radicale? Évidemment, si votre mini-roseraie est littéralement en train de se faire bouffer par un énorme essaim de scarabées japonais, peut-être vaut-il mieux agir... Mais si un bon jet de boyau d'arrosage vous permet de vous débarrasser de 90 % des pucerons qui grignotent quelques bordures de feuilles par-ci, par-là, pourquoi vous inquiéter de leur présence? Au pire, expérimentez un remède-maison, sans danger pour vous et vos plantes; découvrez-en quelques-uns en lisant Le garde-manger à la rescousse du jardin.

Idem en ce qui concerne les maladies qui peuvent affecter les plantes. Il s'agit cette fois de savoir si celle que vous observez est mortelle ou non. Si elle l'est, ne poussez pas votre réflexion plus loin: débarrassez-vous de la plante, c'est tout! Inutile d'investir du temps et de l'énergie pour la sauver, à moins qu'il s'agisse d'une spécimen très rare dont il n'existe que trois plants sur la planète... Bien sûr, c'est navrant; j'ai d'ailleurs dû faire abattre un arbre que j'aimais beaucoup l'été dernier mais il agonisait et, pire encore, pouvait transmettre l'infection à d'autres arbres du voisinage. 

Dans le cas des maladies comme l'oïdium (maladie du blanc) ou la rouille du feuillage, qui touchent uniquement l'aspect esthétique de la plante, on peut tailler les parties affectées ou cacher les imperfections en installant les plantes atteintes derrières des plantes un peu plus basses, de façon à ne laisser paraître que la floraison. Et si, vraiment, vous êtes incapable de supporter la vue d'une feuille flétrie ou rouillée, ne cultivez tout simplement pas les espèces qui y sont sujettes! 


(Photo: Pixabay)



Ne pas s'entêter inutilement

Parfois, même si on suit les instructions de culture à la lettre, même si on consacre du temps à la chouchouter, il arrive qu'une plante ne pousse pas bien dans notre jardin. Peut-être est-ce le sol qui ne lui convient pas, peut-être est-ce à cause du micro-climat qui règne à cet emplacement précis, allez savoir! 

Par exemple, j'ai essayé à quelques reprises de cultiver des pavots orientaux (Papaver orientalis); au meilleur de ma connaissance, l'une de mes plates-bandes réunit les bonnes conditions pour cette espèce de vivaces. Pourtant, tous les spécimens que j'y ai plantés ont poussé de façon décevante, sans même fleurir. J'ai dû me rendre à l'évidence : mon jardin n'est pas "pavots friendly"!

Ne vous mettez donc pas martel en tête si cela vous arrive aussi; ça ne veut pas dire que vous êtes nul, nous rencontrons tous nos échecs horticoles. La nature a ses lois et il suffit parfois de bien peu pour faire la différence entre une plante merveilleusement luxuriante et une piteuse brindille.

Bien sûr, c'est décevant; il y certaines espèces que j'aimerais vraiment beaucoup cultiver mais, parfois, même quand on veut, on ne peut pas nécessairement... Mieux vaut alors faire une croix sur ces "impossibles" et se tourner vers d'autres variétés qui seront plus heureuses chez nous. 


(Photo : Isabelle Frappier)



Avoir des attentes réalistes

Bien sûr, nous rêvons tous d'un jardin sublime, comme ceux que nous admirons dans les magazines ou sur Pinterest... Et c'est possible d'y arriver! Par contre, il est tout à irréaliste de penser qu'il suffit de planter et tadam! Pour qu'un jardin arrive à maturité et donne son plein effet, cela prend des années. Tout comme il est utopique de planter un gland et d'espérer avoir un chêne de 10 m le printemps suivant, on ne peut pas s'attendre à ce que les jeunes plantes fleurissent abondamment le premier été! En gardant ça en tête, on risque moins d'être déçu.

De même, si les conditions météorologiques ont été exécrables pendant des semaines en mai-juin ou s'il y a eu une longue période de sécheresse au cours de l'été, eh bien il ne faut pas s'attendre à ce que le jardin soit particulièrement beau. C'est ça, la nature: il y a des années fastes et d'autres qui ne le sont pas. Inutile, donc, de se ronger les sangs pour des facteurs sur lesquels on n'a aucun contrôle!

Enfin, si on aime l'aspect formel des arbustes ou conifères bien taillés, gardons en tête que c'est beaucoup de travail si on veut absolument qu'ils soient toujours parfaits. Et on y va avec des formes simples, un arrondi par exemple. N'est pas Edward Scissorhands qui veut! 


(Photo : Pixabay)



Bref, à moins d'être jardinier en chef au château de Versailles, apprenons à pratiquer le lâcher prise au jardin sinon on risque de transformer un merveilleux loisir en une interminable corvée...




Commentaires

  1. J'ai adopté ce système aussi Je laisse faire la nature et si ça marche tant mieux, si non, c'est pas grave, je retente autrement :)
    Bises

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    1. On s'épargne bien des soucis! De toute façon, la nature finit toujours par gagner et elle sait quoi faire!

      Bisous à toi

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  2. Avoir des attentes réalistes... tu as tellement raison! C'est comme dans tout ^^
    Bises

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    1. Oui, c'est comme la vie général, finalement!

      Bisous à toi

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  3. Coucou,
    Comme tu le dis, à force de chercher la perfection, on passe à côté de plein de choses et notamment de la notion de plaisir.
    Bises

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  4. Coucou ! Tu as raison, il faut que cela reste de la détente et non une corvée ou une pression supplémentaire.
    Des bisous

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    1. Effectivement, c'est un passe-temps, n'est-ce pas?

      Bisous à toi

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